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Au Champ des Mots
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1 juillet 2016

Seul sur le sable, les pieds dans l'eau, le monde

Seul sur le sable, les pieds dans l'eau, le monde est bien trop beau. 'quelle ironie, se disait-il devant le soleil rougeoyant. Il se releva avec l'instinct de la peur qui le tenaillait depuis que ce satané médecin avait parlé, trop parlé. Non mais pour qui se prenait-il ce type pour lui asséner une fin si effroyable, une inéluctable saveur de mort si proche, trop proche. C'est sûr, il se prend pour Dieu !

Il shoota dans le sable, sentant sourdre la colèr. La mer limpide, au calme apaisant tenta bien de l'inviter, sa colère prenait pourtant de l'ampleur, de l'autorité ! Alors il se mit face à l'infinitude de l'horizon et commença doucement à s'adresser à cet univers si puissant. "Pourquoi, dit-il dans un souffle, pourquoi moi ? Pourquoi pas mon voisin ? Euh non ça je ne peux pas le souhaiter à mon voisin, même pas à un ennemi ! Alors pourquoi quoi ? Alors c'est fini ? Alors ma vie va s'arrêter là ? Non, non, ce n'est pas possible, pas maintenant, pas moi ! Ce n'est pas juste..."

Un grand silence s'installa soudain et il laissa son regard errer : à gauche, la falaise comme à Étretat, à droite, un paquebot et ses lumières, témoignage d'une vie trépidante, derrière lui sa vie et devant lui, la couleur du couchant l'infiltration de sa force. "La vie devant moi ? se questionnat-il. Ben non ! C'est quoi ce soleil qui me harcèle par ses arguments trop généreux ? " Il se remit à parler tout haut, avec cette fois une force colérique élargie.

- Je t'en veux ! hurla-t-il.

- Eh à qui tu parles, là ? C'est qui t'?

- Heu, le médecin : il n'aurait rien dû me dire, je souffrirais moins.

- C'est tout, c'est juste à lui alors ? 

Un peu plus loin, sa réflexion s'abîma dns le doux murmure des vagues à ses pieds. À nouveau, son cri percuta le silence vespéral !

- Ouais, non mais tu t'es vu ? Tu parles à qui, de qui, pour qui ?

- Ben, à moi, de moi, pour moi. Je me dis que j'ai gâché un peu, beaucoup même, mes chances de vivre plus longtemps. Et je crois bien que pour évacuer quelque chose de si monstrueux, il faut que je crie sinon, je vais le poignarder, lui, l'autre, enfin le docteur !

- Tu fais quoi maintenant ?

- Heu, heu, je ne sais pas. Je me noie ? Je braque une banque ? Je tue quelqu'un ?

- Qu'est-ce que t'es bête ! Et si tu prenais une autre direction ? Et si tu essayais pour le temps qu'il te reste, de comprendre qui se prend réellement pour Dieu ?

- Ça c'est d'un ringard, mon vieux !

- Ah oui ? Chiche que tu n'es pas capable de t'y aventurer !

- Ouais, on verra.

- T'as plus rien à perdre ? Si ?

- Heu non

- Alors ?

Cette fois il sort de ce dialogue intérieur et regarde avec plus d'intérêt le paysage autour de lui. Le soir tombe, le soleil s'en va lentement, l'air fraîchit.

- Je crois en la vie et ça c'est ma force murmure-t-il

"Seul sur le sable, les pieds dans l'eau, le monde est toujours beau !"

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